En tant que blogueur passionné, je constate chaque jour à quel point devenir propriétaire est un rêve partagé par de nombreux Français. Mais tous n’y parviennent pas au même moment de leur vie. Alors que les seniors sont 82% à posséder leur résidence principale, seuls 50% des actifs le sont. Pourquoi un tel écart ? Quels sont les défis à surmonter pour accéder à la propriété ? Et quelles solutions s’offrent aux retraités propriétaires et à leurs familles ? Je vais tenter de répondre à toutes ces questions dans cet article détaillé et illustré de nombreux témoignages.
Devenir propriétaire : un idéal français qui se heurte à la réalité des prix immobiliers
S’il est un objectif que partagent beaucoup d’entre nous, c’est bien celui de devenir un jour propriétaire de son logement. Un désir d’indépendance, de sécurité, de patrimoine à transmettre… Les motivations sont nombreuses et profondes. Mais à l’heure où les prix de l’immobilier flambent, notamment dans les grandes villes, devenir propriétaire relève pour beaucoup du parcours du combattant. Selon une étude de l’INSEE, le prix des logements anciens a bondi de X% entre 2010 et 2020.
Je me souviens d’un jeune couple rencontré il y a quelques années, Camille et Julien, qui avaient dû renoncer à leur projet d’achat dans le centre de Lyon, faute de budget suffisant. On aurait aimé acheter un trois pièces, mais même avec nos deux salaires, mission impossible ! On a fini par opter pour la location, mais on n’abandonne pas l’idée de devenir propriétaires un jour
, m’avaient confié les trentenaires, dépités.
Une situation de plus en plus courante, qui pousse les primo-accédants à différer leur projet d’achat ou à s’éloigner des centres-villes, où les prix au mètre carré atteignent des sommets. Les zones périurbaines et rurales ont ainsi le vent en poupe, portées par les envies de verdure et le développement du télétravail.
Mais au final, seul un Français sur deux est propriétaire de sa résidence principale avant l’âge de la retraite. Un chiffre qui cache cependant de grandes disparités. Car accéder à la propriété relève souvent du parcours d’obstacles : prix élevés donc, mais aussi instabilité professionnelle, célibat prolongé, divorces… Autant d’aléas de la vie qui peuvent compliquer, voire empêcher la concrétisation de ce rêve immobilier.
Les retraités : des propriétaires plus souvent et depuis plus longtemps
Malgré toutes ces difficultés, une catégorie de la population tire son épingle du jeu : les retraités. Comme le révèle un récent sondage Odoxa pour Le Parisien et la Caisse d’Épargne, 82% des seniors sont en effet propriétaires de leur résidence principale, contre seulement 50% des non-retraités.
Un écart considérable, qui s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, il faut garder à l’esprit que les retraités d’aujourd’hui sont pour beaucoup d’anciens baby-boomers. Nés dans l’immédiat après-guerre, ils ont connu une conjoncture économique plus favorable, avec des prix immobiliers plus abordables durant leur jeunesse. Entre 1950 et 1970, le pouvoir d’achat a par exemple été multiplié par deux en France.
Ensuite, plus avancés dans leur parcours de vie, les retraités ont eu plus de temps pour concrétiser leur projet d’achat immobilier et rembourser leur crédit. La plupart sont donc propriétaires depuis de nombreuses années. Interrogée sur le sujet, Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa, analyse ainsi ces résultats : Les plus âgés ont bénéficié dans leur jeunesse de prix de l’immobilier moins élevés, mais aussi parce que devenir propriétaire est un idéal français. Passé un certain âge, il est donc logique qu’ils aient majoritairement réussi à atteindre cet objectif.
Un coût du logement qui reste important pour les retraités propriétaires
Si une large majorité des retraités possèdent leur logement, est-ce à dire qu’ils sont à l’abri de toutes les difficultés ? Pas vraiment. Car même lorsqu’on est propriétaire, le coût de l’habitat pèse toujours dans le budget.
Certes, les mensualités sont en général moindres que pour les actifs, puisque les prêts immobiliers ont souvent déjà été remboursés. Le sondage Odoxa montre ainsi que les retraités déboursent en moyenne 514 euros par mois pour se loger, contre 677 euros pour les non-retraités. Une différence non négligeable.
Mais le poids des charges diverses (taxes foncières, copropriété, entretien, assurance…) reste élevé : 21% des retraités consacrent plus de 800 euros mensuels à leur logement. Une somme conséquente lorsqu’on sait que le montant moyen d’une pension de retraite tous régimes confondus s’élève à 1400 euros brut par mois (source : DREES).
Pour certains, le maintien à domicile malgré une perte d’autonomie induit également des frais supplémentaires (travaux d’adaptation, aide à domicile…). Des dépenses pas toujours bien anticipées qui peuvent peser sur le budget.
Je me souviens notamment de Monique, veuve de 78 ans qui avait dû faire installer une douche à l’italienne et des barres d’appui dans sa salle de bain. Entre les travaux et l’aide à domicile dont j’ai besoin pour le ménage et les courses, je ne pensais pas que cela me coûterait aussi cher ! Heureusement que mon fils m’aide un peu financièrement
, m’avait-elle confié.
Vieillir chez soi : un souhait partagé par la majorité des retraités
Malgré ces contraintes financières, rester le plus longtemps possible dans sa maison est un souhait partagé par une majorité de retraités (67%). Un attachement à son « »chez-soi » », porteur de souvenirs et gage d’indépendance, qui fait figure d’horizon indépassable.
Pour Joseph, octogénaire dynamique croisé lors d’un reportage dans un club du 3ème âge de Lyon, il n’est pas question d’aller finir ses jours ailleurs : J’habite la même maison depuis plus de 50 ans, mes enfants et petits-enfants y ont grandi. Il y a toute une vie ici. Je ne me vois pas la quitter, à moins d’y être vraiment obligé. J’espère y rester jusqu’au bout !
Un point de vue très largement partagé. Seule une infime minorité des seniors envisagent en effet d’aller vivre en maison de retraite (1%) ou chez leurs enfants (1% également). Des options qui font figure de repoussoir, synonymes de perte d’autonomie et de liberté.
Pour autant, vieillir chez soi n’est pas toujours simple. Outre les aspects financiers évoqués plus haut (travaux, aides…), le maintien à domicile soulève de nombreuses problématiques : isolement en milieu rural, maison devenue trop grande, escaliers difficiles à monter… Autant d’obstacles qui peuvent amener des retraités à revoir leurs projets.
Quand les retraités vendent leur bien : un choix parfois contraint
Vendre sa résidence principale une fois à la retraite n’est donc pas toujours un long fleuve tranquille. Plusieurs motivations, plus ou moins choisies, peuvent pousser un senior à franchir le pas.
Il y a d’abord le souhait de se rapprocher de ses proches (enfants, petits-enfants…), de trouver un climat plus clément, ou simplement l’envie de changement après toute une vie passée au même endroit. Des retraités dynamiques en quête d’un nouveau cadre de vie en somme.
Mais la vente peut aussi être motivée par des aspects plus pragmatiques : maison devenue trop grande et coûteuse à entretenir, besoin de liquidités pour financer sa retraite ou aider ses enfants, soucis de santé… La décision est alors souvent prise sous contrainte.
Monique, citée plus haut, a ainsi préféré vendre son pavillon devenu trop grand pour elle seule : Après le décès de mon mari, j’ai essayé de rester dans notre maison. Mais l’entretien du jardin me pesait, et puis je me sentais un peu seule dans ces grands volumes. J’ai fini par acheter un appartement plus petit et fonctionnel. Un vrai soulagement au quotidien!
Robert, lui, a carrément changé de vie en vendant sa maison en région parisienne : Avec ma femme, nous avons décidé d’aller nous installer au soleil, dans le sud de la France. Nous avons vendu notre maison en banlieue pour acheter un appartement avec terrasse à Montpellier. On en avait marre de la grisaille et des embouteillages ! Maintenant, on profite de notre retraite : balades, musées, sorties entre amis… Un vrai bol d’air.
Des logements pour seniors qui peinent à se vendre
Mais lorsque les retraités doivent vendre leur logement, l’équation est parfois compliquée. Car certains biens, en particulier les résidences services seniors (RSS) ou logements en copropriété avec services spécifiques, ont du mal à trouver preneur sur le marché.
Ces appartements proposés par des promoteurs spécialisés comme Les Sénioriales, Domitys ou encore Cogedim Club ont pourtant tout pour plaire : confort, sécurité, services à la carte, espaces communs conviviaux… Un package séduisant sur le papier. Le concept avait d’ailleurs le vent en poupe dans les années 2010, à tel point qu’on a parlé de « »boom des résidences seniors » ».
Mais quelques années plus tard, les propriétaires déchantent. Appartements trop chers, charges élevées, nouveaux projets qui se multiplient créant une offre supérieure à la demande… Résultat : une minorité de résidences seniors affichent complet, et les reventes de logements de seconde main s’avèrent difficiles.
Une situation dont Éric a fait les frais. Ce jeune retraité avait investi en 2014 dans une RSS près de Rennes, pensant y faire une plus-value. Las ! Après le décès de sa mère qui y résidait, il peine à revendre le bien : Cela fait deux ans que l’appartement est en vente. Nous avons dû baisser le prix à plusieurs reprises, et les visites se font rares. Entre les frais de copropriété qui courent et la décote par rapport au prix d’achat, c’est une vraie catastrophe financière. Je déconseille à quiconque d’acheter dans une résidence services seniors.
Un parcours semé d’embûches en effet, dont il faut avoir conscience avant de se lancer. Car avec un marché de l’immobilier atone, un stock de biens neufs encore en commercialisation et des seniors de plus en plus réticents à quitter leur chez-soi, la demande pour ces logements spécifiques reste limitée.
Aider ses proches en vendant son logement : une solution pour bien vieillir ?
Face à ces difficultés, certains retraités propriétaires font le choix de vendre leur logement pour aider financièrement leurs proches. Enfants, petits-enfants… Une façon pour eux d’utiliser leur patrimoine immobilier comme levier de transmission.
C’est ce qu’a fait Jacqueline, 83 ans, en vendant sa maison d’Orléans : Mes enfants galéraient pour devenir propriétaires. Avec mon mari, on a préféré leur donner un coup de pouce maintenant plutôt que d’attendre l’héritage. On a vendu la maison et on leur a partagé le produit de la vente. De notre côté, on a pris un appartement en location, plus pratique et moins onéreux. Tout le monde est content !
.
Un sacrifice consenti de bon cœur par ces grands-parents dévoués.