Parti de gauche
Le secrétaire national du Parti de Gauche et co-fondateur d’Eau bien commun en France Gabriel Amard était à Périgueux jeudi soir pour animer un débat sur l’eau. Avec cette question, faut-il passer sa distribution en gestion publique ?
L’eau, un bien précieux au même titre que l’air que l’on respire, qui ne doit donc pas être soumis aux profits. C’est la thèse que défend Gabriel Amard, secrétaire national du Parti de Gauche et co-fondateur du collectif d’usagers Eau bien commun en France, venu à Périgueux démontrer par A+B qu’une gestion publique de l’eau ne revient pas plus cher qu’une gestion privée, bien au contraire. « Il faut mettre fin aux lois sur les profits et la marchandisation de l’eau », soutient l’homme politique qui se dit inspiré par la philosophie de Danièle Mitterrand, dont on connaissait le combat en faveur d’un accès de l’eau à tous. Il a d’ailleurs écrit un livre en ce sens intitulé « l’eau n’a pas de prix ».
« L’eau est un bien commun », insiste Gabriel Amard. « Je peux faire la démonstration comptable que quoi qu’il arrive, la gestion publique de l’eau reviendra toujours moins chère qu’une gestion privée». A cet égard, il dénonce la décision « inique » de l’ancien maire de Périgueux Michel Moyrand de renouveler la gestion de l’eau en délégation de service public à la Lyonnaise, en dépit de ses promesses de campagne avec cet argument selon lequel « cela aurait fait augmenter la facture des usagers de mettre en place une régie publique. C’est faux », affirme Gabriel Amard.
Selon lui, la mise en place d’une régie publique de l’eau ne présente que des avantages : « il n’y a pas de remontées financières à une holding, elle ne paye pas d’impôts locaux, ni d’impôts sur les sociétés, elle ne répercute que le coût du service rendu et pas autre chose, en cas de travaux, il y a mise en concurence, alors que bien souvent une entreprise privée va faire appel à ses filiales du même groupe, comme elle va le faire pour la partie administrative, etc. ».
Autre avantage pour Gabriel Amard de passer en régie publique, les investissements peuvent être amortis sur 30 ans, tandis qu’une entreprise privée aura tendance à viser le court terme pour ne pas impacter ses bénéfices. Enfin, dernier argument pour Gabriel Amard, « la transparence. Dans les collectivités de plus de 3 000 habitants, les représentants des usagers siègent obligatoirement au conseil de la régie au même titre que les élus et les professionnels». Et pour les employés, le passage en régie ne change rien, leurs salaires et avantages étant garantis par la loi. Bref, pour Gabriel Amard, la mise en régie ne présente que des avantages, avec un coût moindre pour les usagers. En France, l’eau est gérée publiquement à Paris, dans les Landes, dans le Bas Rhin, à Grenoble, à Castres, etc. « 11 millions de personnes ont accès à une eau gérée publiquement. La Lyonnaise, c’est seulement 6,5 millions. Il y a 24 000 services publics de l’eau et de l’assainissement en France. Véolia, la Lyonnaise, la Saur et Sogedo, c’est seulement 10 500 contrats, mais 64 % des usagers ».
Gabriel Amard plaide donc pour une généralisation du service public de l’eau et rappelle que le collectif d’usagers d’Eau bien commun en France dispose de tout un arsenal destiné à accompagner les élus dans leur transition.